CHONGQING

Du centre-ville aux confins, voyage dans la plus grande mégalopole intérieure de la Chine : Chongqing. 
Théâtre de la démesure d’une Chine hyper-moderne, hyper-urbaine, hyper digitale, Chongqing est le témoin de l’essor industriel des XIXe et XXe siècle dont elle a été l’un des bassins miniers, avantageusement située le long du fleuve Yangzi, 3e plus long fleuve du monde.
La Chine est un immense chantier de construction, le béton et le bitume y règnent en maîtres absolus. Les forêts de gratte-ciels de Chongqing n’y font pas exception et lui confèrent des atours de ville ultime : on s’y croit dans un décor de science fiction. Chongqing est à l’image de la modernité effervescente, boulimique, prométhéenne des mégalopoles chinoises, symboles par excellence du XXIe siècle d’un capitalisme numérique effréné, de sa logique de flux qui prime sur les individus. 
Pourtant, c’est là que l’on rencontre des porteurs de rue aux épaules creusées (Yang Bangsi, le Bang Bang), qui sont le symbole de Chongqing et n’existent nulle part ailleurs en Chine, des témoins d’une Chine aujourd’hui révolue, au même titre que Ye Lao, le calligraphe, mais aussi des acteurs de la transition économique quittant la campagne pour gagner une vi(ll)e nouvelle (Qiu Wenwou, le chauffeur de taxi, Zhou et son mari, les anciens paysans de Changshow), des jeunes en quête d’identité (les cosplay de Chongqing). Les marchands de nouilles artisanales de Ciqiku vocifèrent pour appâter des touristes venus en nombre profiter de l’authenticité de ce quartier vieux de 1700 ans. Parées de leurs habits de lumières nocturnes, les Honya Caves où regorgent les boutiques de souvenirs sont inaccessibles tant la fréquentation y est dense.
Oui, en Chine plus qu’ailleurs se joue une nouvelle querelle entre les anciens et les modernes.

(Texte : Anne Murat)

Plus de photos et documentaire ici :
www.interbeing.fr/index.php/les-sirenes-du-yangzi/